Photoreportage
Journaliste
ÉLISABETH SIMARD
Pays
ARGENTINE
Baril de bière à cordes et banjolélé-toaster
Banjolélé fait avec un grille-pain, guitares cigar box, baril de bière à cordes, les instruments du luthier argentin Alejandro Tolj sont très peu ordinaires. J’oubliais… Un banjolélé est un ukulélé de style banjo.
Il fait chaud à Oberà, dans la province de Misiones en Argentine. Le climat subtropical humide se fait sentir même au mois de mars. Alejandro Tolj fabrique et répare des instruments de musique. Il est maintenant luthier presque à temps plein. Sa femme s’occupe du commerce familial de location d’outils. Alejandro m’invite dans sa maison pleine de soleil pour me montrer quelques-unes de ses créations.
La démarche artistique du luthier est singulière : fabriquer des instruments avec ce qu’il a sous la main. C’est comme ça que le blues est né, au Mississipi. C’est aussi comme ça que les premières guitares faites à partir de boîtes à cigares sont apparues. Sa démarche s’en inspire. Alejandro donne d’ailleurs des ateliers de fabrication de guitares cigar box.
L’atelier d’Alejandro se trouve dans son garage. C’est ici qu’il a commencé à réparer ses propres guitares. Puis celles de ses amis. Et celles des amis de ses amis. Tolj Luthier était né.
Alejandro s’excuse pour la poussière. Il se met à l’ouvrage. La fabrication d’un ukulélé polynésien l’occupera pour les trois prochains jours. La caisse de résonance de celui-ci sera faite d’un porongo, un fruit dont la peau devient dure comme du bois une fois séchée.
Le journées de travail sont souvent longues. Heureusement, Mollo vient tenir compagnie à son maître. Mollo comme dans Ricardo Mollo, un célèbre guitariste argentin.
Alejandro a deux fils à qui il a transmis sa passion pour la musique. Ensemble, ils testent les instruments, ils grattent les cordes.
Alejandro et sont fils aîné improvisent dans le salon, pour mon grand plaisir, mais surtout le leur.
Alejandro Tolj a 52 ans. Il fume. Ses instruments lui survivront, dit-il. Ils représentent l’héritage qu’il laissera. Ensuite, il aimerait bien se fabriquer une harpe pour amener en haut.
Le ukulélé polynésien est finalement terminé.